Il faut réformer profondément nos systèmes
déducation à tous points de vue. Ici je parlerai
dun seul point de vue qui concerne les matières que lon
enseigne et je vais partir dune formule qua exprimée
le fondateur de la Biodanza ; cette formule se trouve aussi dans
le livre pédagogique de J.J. Rousseau, l'Émile.
Que dit léducateur en parlant de son élève ?
Il dit : je veux lui enseigner à vivre. Vivre.
Bien entendu on ne peut enseigner quà aider à vivre,
on ne peut pas inculquer la vie mais on peut aider chacun
à vivre, cest à dire à affronter les problèmes,
à traiter les problèmes de sa vie. Or ces problèmes
ne sont pas seulement professionnels, ils sont ceux de la vie quotidienne
de chacun. Bien entendu la grammaire, les mathématiques, ça
aide à vivre en société mais on se rend compte
que les problèmes les plus importants, les plus fondamentaux
de la vie ne sont pas enseignés. Pourquoi ?
Parce que notre enseignement, fondé sur la séparation
des disciplines coupe en petits morceaux ces problèmes
fondamentaux ; par exemple on nenseigne pas la compréhension
humaine, on nenseigne pas à affronter les incertitudes
alors que chacun va rencontrer dans sa vie beaucoup dincertitudes,
on nenseigne pas les pièges et les difficultés de
la connaissance ; on nenseigne pas ce que cest dêtre
humain ; on nenseigne pas ce quest lépoque
où nous vivons que jappelle lère planétaire
et qui sappelle la mondialisation.
Pourquoi nenseigne t-on pas tout cela ?
Parce que pour comprendre ces problèmes, il faut prendre des
éléments de connaissance dans des disciplines qui sont
séparées les unes des autres.
Lidée de la connaissance
En général on enseigne les problèmes de la connaissance
en philosophie et encore même pas, cest plutôt dans
ce quon appelle lépistémologie, la réflexion
sur la connaissance. Or, cest un problème quon devrait
enseigner dès les petites classes et tout au cours dune
vie délève et détudiant. Pourquoi ?
Parce que quand nous réfléchissons sur les connaissances
du passé, nous nous rendons compte que les certitudes pour ces
personnes du passé sont pour nous des erreurs et des illusions.
Quand nous regardons les religions du passé, nous pensons que
ce sont des religions trompeuses. Quand nous regardons même la
science, nous constatons quont survécu à cette science
deux grandes théories : la thermodynamique et la théorie
de lévolution. Quand nous regardons les croyances politiques,
ceux qui ont cru au nazisme, au fascisme, au communisme stalinien, ceux
qui ont cru au maoïsme, on pense aujourdhui que ce sont des
illusions et des erreurs.
Et quand on pense quaprès on a proposé le néo-libéralisme
comme la solution de tous les problèmes humains, nous nous rendons
compte de plus en plus que cétait non pas une vérité
scientifique mais une illusion. Et vous savez ce qua dit Descartes : »
le propre de lerreur, cest quelle ne se connaît
pas comme telle ; quand on est dans lerreur, on ne sait pas
quon y est ». Or cest une erreur de sous-estimer
limportance de lerreur. Nous risquons sans cesse de nous
tromper et les conséquences peuvent être vitales si on
se trompe dans le choix de la personne avec qui on va vivre, ou si on
se trompe dans le choix dune carrière ; si un général
se trompe dans sa stratégie, les conséquences sont extrêmement
graves pour les personnes.
Alors pourquoi y a t-il un risque derreur dans la connaissance ?
Toute connaissance est une traduction et une reconstruction. Par exemple
la connaissance visuelle : la perception de mes yeux nest
pas une photographie que mes yeux ont pris de vous. Dans limage
rétinienne que jai, les personnes du dernier rang sont
petites, beaucoup plus petites que les personnes du premier rang mais
de cela je nai pas conscience parce quil existe un mécanisme
quon appelle la constance perceptive qui fait que je perçois
non pas des géants et des nains mais tout le monde avec une taille
normale.
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