Cest alors quont surgi dans le monde méditerranéen
les religions du salut, cest à dire non pas la vie amoindrie
après la mort mais la résurrection sous réserve
quon obéisse à des rites sur le modèle dun
dieu qui meure et ressuscite comme lOsiris égyptien. Le
fondement de la religion chrétienne se résume à
ce qua exprimé Paul : si vous devenez chrétien,
vous ressusciterez comme Jésus.
Dans toute lhumanité vous avez ce phénomène
religieux. Si vous observez la société nord-américaine,
vous constatez que, nulle part, la technique et la science ne sont plus
développées et que nulle part, la religion nest
plus développée. Donc lêtre humain nest
pas seulement un être technique, il est aussi un être religieux.
Bien sûr, il y a plusieurs types de religions : les religions
polythéistes qui, dans la plupart des continents, ont été
remplacées par les religions monothéistes dont la source
est hébraïque.
Dans les religions monothéistes, vous avez le christianisme et
lislam. Toutes deux promettent le paradis. Mais ces religions
ont connu un relatif dépérissement, surtout le christianisme ;
puis sont venues des religions « sans dieux ».
Dabord, il y eut une religion de la nation : culte de la
nation avec drapeau, cérémonie, etc .. Et au siècle
dernier, une autre est apparue : une religion de salut terrestre,
le communisme qui promettait le bonheur et lharmonie non pas au
ciel mais sur Terre grâce à la révolution qui supprimerait
lexploitation de lhomme par lhomme. Cette intention
magnifique na pas pu se réaliser, elle a même été
tragique. Je pense quon ne peut pas échapper aux religions,
cest à dire être relié les uns aux autres
par un sentiment de communauté.
Aujourdhui, on pourrait proposer une religion de la Terre patrie ;
patrie est un mot intéressant, il commence de façon paternelle
et se termine au féminin de façon maternelle : la
mère patrie. Ces deux notions paternelle / maternelle fraternise
comme le dit très bien le début de la Marseillaise :
« allons enfants de la patrie » ; nous sommes
des enfants, nous sommes fraternisés. Sil faut garder les
patries, il y a surtout une patrie humaine, planétaire dans laquelle
nous devons vivre en paix. Il faut vivre ce sentiment de communauté,
denfants de la Terre, de citoyens de la Terre et cest un
nouveau type de religion.
Cest une religion non pas du salut mais de la perdition. Nous
sommes perdus sur cette planète, nous ne savons pas pourquoi
la Vie est née, nous ne savons pas pourquoi nous sommes nés,
pourquoi nous mourons. Alors, soyons frères, soyons surs,
parce que nous sommes perdus et non pas soyons frères, soyons
surs pour que nous soyons sauvés !
Dans la nature humaine, il y a cet aspect religieux, pas seulement avec
des dieux, mais un besoin profond, ce besoin de reliance entre nous,
de communauté. Ce sont nos aspirations fondamentales : plus
dautonomie, donc plus de liberté mais aussi plus de communauté.
La liberté et la communauté ne suffisent pas isolément,
nous aspirons à être à la fois autonomes et communautaires.
Si nous réfléchissons sur lêtre humain, nous
constatons que nous cherchons à réaliser la poésie
dans la vie, dans la communauté et la liberté. Patrick
Vibray ( ?) nous dit : dans notre civilisation nous oscillons
entre lhyper-excitation, le mouvement, lénervement
et la fatigue, la dépression, la mélancolie. Nous passons
de lexcitation à la dépression de lexcitation.
Nous cherchons à combiner la sérénité avec
lintensité ; la sérénité sans
lintensité est vide et lintensité sans la
sérénité produit trop dexcitation.
Si on continue à réfléchir sur ce quest être
humain, on peut trouver un sens à cette vie, je ne pense pas
à un sens caché quil faudrait trouver ; le
sens de la vie est en nous-mêmes, le sens profond de la vie est
le seul qui nous permette de résister à langoisse
de la mort. La mort nous angoisse, ce nest pas seulement la décomposition
physique, cest la disparition du « moi, je »,
ce « je » qui représente notre trésor
personnel.
Quest-ce qui peut résister à la mort ? Le cantique
des cantiques dit : lamour est plus fort que la mort. Je
crois que cest un peu exagéré mais pour refouler
les angoisses de mort, il faut la plénitude de la Vie, la plénitude
de lamour. Ce qui est important, cest que si soi-même
on meurt, les gens quon aime vont continuer. Jinsiste encore
sur le fait que cette réflexion sur ce quest être
humain nest absolument pas enseignée.
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