accueil BIODANZA > textes > Edgar Morin le 16 juillet 2011
voir le plan du site de la Biodanza 3e Symposium de Biodanza en France
12-15 juillet 2011

1er Congrès Européen d'Éducation Biocentrique
15-17 juillet 2011
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conférence d'Edgar MORIN
Qu’est-ce que la connaissance ? Qu’est-ce qu’être humain ?

En vous parlant de la compréhension humaine, je suis en résonance avec la Biodanza et avec ce qu’elle suppose comme fondement philosophique, anthropologique, pour dire que c’est sur la sympathie, sur la tendresse que doit porter notre effort.
 
Je vais aborder mon dernier thème : enseigner et affronter les incertitudes
Toutes les sciences débouchent sur des problèmes insolubles : la matière de l’univers, le monde micro-physique, l’avenir de l’univers. Nous sommes condamnés à naviguer sur un océan d’incertitudes mais à travers des îles et des archipels de certitudes.
Ceci nous amène à ce que j’ai appelé l’écologie de l’action ; ça veut dire que quand vous décidez d’une action, elle entre dans un milieu social, un milieu naturel, elle cesse d’obéir à vos intentions pour subir les déterminations et influences du milieu. Il ne suffit pas d’avoir des bons sentiments pour faire des bonnes actions : « l’enfer est pavé de bonnes intentions », dit le proverbe.  Il faut donc être capable de suivre son action et si elle prend un « mauvais » chemin, de la modifier éventuellement.
On voit dans l’histoire que ceux qui ont commencé une guerre en étant sûr de la victoire ont abouti finalement à la défaite. L’échec historique de Napoléon, d’Hitler, de Staline montre que des actions faites dans l’optique d’un résultat n’aboutissent pas toujours à ce résultat.
Donc quand vous prenez une décision, vous devez savoir que vous faites un pari ; le pari est permanent dans toute décision que vous prenez. Après ce pari, vous devez élaborer une stratégie qui permet de modifier l’action en fonction des circonstances.
 
Dernier point concernant l’identité humaine
Être humain, c’est une trinité. Il y a la trinité divine, inséparable, ils sont différents mais c’est la même personne : le Père génère le saint Esprit qui génère le Fils,  lequel va régénérer le Père. Le Père devient beaucoup plus gentil après l’intervention du Fils. La trinité humaine, ce n’est pas seulement être un individu mais aussi un moment, une partie d’une société ; un moment, une partie de l’espèce humaine. Et ce ne sont trois choses juxtaposées, on n’est pas à 30% individu, à 30% social et à 30% biologique ; on est à 100% individu, à 100% social et à 100% biologique.
Nous sommes à la fois les produits et les producteurs de notre espèce. Nous sommes les produits parce qu’il a fallu une reproduction sexuelle pour que nous naissions mais pour que ce processus continue il faut au moins deux individus, homme et femme pour que nous nous reproduisions. De même, nous produisons la société par nos interactions et une fois que la société existe, qu’elle a une culture, un langage, elle rétroagit sur nous ; la culture et le langage permettent de nous achever en tant qu’êtres humains. Nous sommes ainsi les produits et les producteurs de la société et de l’espèce humaine. Les trois choses sont donc inséparables.
Sur le plan éthique, nous avons trois directions de devoirs. La première direction est pour nous, pour notre propre utilité et pour les gens que nous aimons, des devoirs personnels. Nous avons aussi des devoirs sociaux surtout si la société est une société démocratique, nous devons contribuer au fonctionnement de la société. Et nous sommes aussi des êtres humains et pour la première fois, l’espèce humaine vit dans une communauté de destin : nous avons tous les mêmes problèmes mortels à affronter, la destruction de la biosphère, la multiplication des armes nucléaires, le développement des fanatismes religieux, une économie entièrement déréglée et soumise à la dictature de la spéculation financière sans compter tous les problèmes démographiques. Nous avons les mêmes problèmes vitaux et les mêmes besoins de réaliser une communauté humaine que j’appelle Terre patrie. Ceux qu’on appelle alter-mondialistes sont ceux qui ont eu les premiers, conscience que nous voulons un autre monde qui ne soit pas livré à la marchandisation.

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